Un pas en arrière
L'histoire de Boffres
Mais d'où vient ce nom?
L’origine du nom de Boffres vient de son appellation ancienne «Balfredo», rocher escarpé froid (bal, baux, rocher dominant et fredo, froid en occitan). Effectivement, un vent glacial y souffle souvent en hiver.
Le village
Le premier document que nous ayons sur Boffres date du XIIe siècle. En 1160 Galbert de Balfram en est le seigneur. Puis ce fut Guillaume de Beaudiner.
Au XIIIe siècle, il y eut des co-seigneurs : Giraud Bastet, seigneur de Crussol, les Templiers de Valence… Boffres était un fief de l’église de Valence et les seigneurs rendaient hommage à ses évêques.
En 1246 , Philippa de Fay, veuve du puissant comte de Valentinois, laissa en héritage à son petit fils, Roger d’Anduze, La Voulte et Boffres. Pendant des siècles le mandement va appartenir aux seigneurs de La Voulte : les d’Anduze, les Lévis Ventadour, les Rohan, jusqu’à la Révolution.
Boffres va vivre une période très noire pendant la guerre de Cent Ans, puis retrouve la prospérité.
Depuis 1176, les Templiers de Valence ont un établissement à Grozon qui s’est considérablement agrandi au cours des siècles. Leurs terres vont s’étendre sur six mandements au XVIIIe siècle et ils ont joué un rôle politique et économique important dans la région.
Du milieu de XVIe au milieu du XVIIIe siècle, les guerres de Religion affectent profondément la région très largement convertie au protestantisme ; l’horrible massacre de l’Herbasse en 1683 au serre de Muans, la Révocation de l’édit de Nantes provoquent un exode des habitants et des destructions de temples. Plus tard, l’insurrection de Leyris en 1708, l’arrestation du pasteur Deshubas à Vernoux provoquent répressions et bains de sang. Il faudra attendre 1787 pour que la paix soit enfin rétablie et que les protestants retrouvent leurs droits civils.
La période révolutionnaire
La période révolutionnaire est relativement calme. Bien que souhaitant des réformes, les habitants évitent les excès commis ailleurs et plus tard s’opposent aux mesures anti-religieuses. Un apogée économique et démographique débute avec le Consulat et jusqu’à la IIIe République. C’est le règne des notables et Boffres profite de l’amélioration des cultures, de l’élevage et des communications (en 1826, chiffre de population maximum : 1796 habitants) Le village se singularise en étant la commune de France ayant répondu par le plus gros pourcentage de non par rapport à sa population au plébiscite de Napoléon III, le canton de Vernoux étant le seul canton ayant refusé ce coup d’état en 1851. Un chemin de fer de Valence à Vernoux fonctionne pendant quelques années, mais la guerre de 1914 a fauché 82 hommes et le chiffre d’habitants ne cesse de baisser (crises de la châtaigne, du textile, attraction de la vallée du Rhône). La municipalité doit prendre de nombreuses mesures d’assistance.
Vue de l'Église
Entrée de l'Église
Peu à peu, la vie va s’améliorer, mais la guerre de 1939 va arrêter cet élan. Beaucoup de jeunes entrent dans la Résistance et les habitants apportent une aide aux maquis voisins de Gilhac. Après la guerre, on prend vite conscience de la nécessité de développer le tourisme. Chambres d’hôtes, gîtes ruraux se multiplient, de grands domaines accueillent les vacanciers et proposent des stages divers… La vie culturelle et sportive se développe. Le nombre d’habitants augmente : 620 au dernier recensement, en 2008 De l’histoire de ce village, on peut retenir sa volonté de résister à tous les absolutismes, pour la liberté de conscience sous Louis XIV, contre le coup d’état de Napoléon III, contre les excès de la Révolution.
Le castrum
Dans le castrum médiéval, on peut voir un certain nombre de vestiges. La haute tour en fer à cheval est un donjon du XIIIe siècle, en pierres de granit, qui dominait toutes les routes menant à Boffres au Moyen Âge. Il en reste les faces est et sud-est avec deux meurtrières.
Du château, il ne subsiste qu’une citerne, des arases de maçonnerie et une enceinte relativement bien conservée avec ses ouvertures de tir.
En dehors de cette enceinte, l’ancienne chapelle du château est en partie romane (chœur et chevet), devenue église paroissiale en 1780 après avoir été reconstruite et agrandie, incendiée en 1745 pendant les guerres de Religion.
L’association Carta, venue en avril 2008, décèle un arrachement au nord du bâtiment qui pourrait correspondre à un escalier menant au clocher.
Avant qu’il y ait cette église, Boffres avait deux paroisses éloignées du bourg castral : Saint-Sixte, prieuré bénédictin dépendant de Cruas et Saint-Michel de Vernes proche de Grozon (Garauzon) qui dépendra longtemps des Templiers.
Une autre enceinte cerne le vieux village, en partie conservée et récemment restaurée dans sa partie méridionale. On peut en suivre tout le tracé.
Une vieille tour est enserrée dans la construction de l’église, portant des éléments de récupération.
Des tours de l’enceinte, il reste un soubassement et une tour particulièrement intéressante. Située à l’est du castrum, cette tour, improprement appelée par les habitants « tour du calvaire » a une forme particulière : de 8 m², elle est constituée par une partie pleine de 3 m² et une autre de 5 m² dont il reste une basse fosse et une amorce de voûte en berceau. À la fin du XIXe siècle, on y installe une croix de mission et au début du XXe on en fait un belvédère accessible par un escalier, ce dernier heureusement supprimé.
L’historien Pierre-Yves Laffont, dans son livre « Atlas de châteaux du Vivarais du Xe au XIIIe siècle » estime qu’il s’agit d’un donjon primitif. Ce peut être aussi une simple tour de flanquement de l’enceinte dominant le chemin d’accès au site qui débouchait alors prés de l’église. Dégagée jusqu’à ses fondations, on constate qu’elle a de grandes pierres d’angle en grés.
En avril 2007, la municipalité entreprend des travaux de réfection du mur d’un jardin privé, à proximité de cette tour. On a la surprise de trouver d’énormes blocs de pierres qui, après nettoyage, forment une allée dallée, mais après photos et prélèvements, il a fallu reconstruire le mur.
On pense aussi qu’il y eut plusieurs enceintes, une muraille épaisse est d’ailleurs visible dans la cave d’une maison au sud-ouest du castrum. Le château lui-même a été reconstruit : un acte a été signé en 1311 dans « la maison neuve du château » .
Il y a donc un certain nombre de données intéressantes concernant ces vestiges qui ne pourraient être interprétées que par des fouilles archéologiques et des analyses. Mais, pour commencer, il faudrait consolider la tour dite « du calvaire » et faire un relevé topographique du castrum.
La municipalité qui essaie de faire attribuer le label de « village de caractère » à Boffres souhaiterait une réhabilitation du site souvent visité (aux journées du patrimoine de 2007, une centaine de touristes ou habitants ont assisté à une présentation des lieux).
Le comte Vincent d'Indy • 1851 - 1931
Ce compositeur réputé est la plus célèbre personnalité ayant vécu à Boffres, indissociable de notre village et chère au cœur de tout Ardéchois en général et des boffrains en particulier. Vincent d’Indy fait partie intégrante de l’histoire de Boffres par son talent mais aussi parce que la famille d’Indy a toujours été une des grandes familles de l’aristocratie boffraine.
Il passe depuis son enfance ses vacances d’été dans la demeure familiale de Chabret à Boffres, le manoir de ses ancêtres, ou sa famille séjournait dans cette somptueuse demeure, maison forte construite en 1589, qui fut la source d’inspiration du compositeur. Aimant tellement le pays, il construisit en 1880 non loin de là, son propre château, le château des Faugs, bel édifice de style néo-gothique en balcon face au Mont Blanc, qui appartient toujours à la famille d’Indy.
Il décède à Paris d’une crise cardiaque, nous laissant une œuvre prestigieuse. Un buste en sa mémoire a été érigé dans le jardin de la médiathèque du village.
Route touristique du Tramway du Vivarais
Fiche de la route du Tramway
Téléchargez la fiche itinéraire de la route touristique Saint-Peray <> Vernoux réalisée par inventaires-ferroviaires.fr
Il faut attendre le milieu du XIXème siècle pour que s’achève le réseau actuel de circulation et qu’apparaissent les diligences dans le Haut-Vivarais. Celle de Valence à Vernoux circule à partir de 1846 de Boffres à Valence.
Les plus aisés se déplacent en voiture à cheval. Les transports de marchandises se font à dos de mulet.
Cependant, l’entretien des chemins, ravinés par les pluies, détériorés par des vents violents – la burle et le balfredo – soumis à des avalanches de pierres était un souci et une charge onéreuse pour la commune qui a la responsabilité de leur entretien. Il fallait désormais penser à un autre moyen de transport, plus moderne et efficace, novateur et plus rapide : L’idée d’un transport ferroviaire était née !
En 1900, la commune obtient que le train, appelé tramway, rejoigne Vernoux depuis Valence. La route du tram Valence-Vernoux, appelée ligne 07 TA est pour l’époque une vraie prouesse technique puisqu’elle fait passer de l’altitude de la Vallée de Rhône à 125 m à celle des Monts du Vivarais à 585 m, sur un parcours de 30,7 km avec des voies d’un mètre d’écartement.
La ligne démarrait à Valence au niveau de la rue des Alpes, traversait Guilherand puis, en quittant St-Péray, elle n’empruntait la route que sur quelques centaines de mètres avant de monter vers le col du Pin en site propre à droite, juste à la sortie de Saint-Péray. Elle franchissait les deux seuls ouvrages d’art importants de la ligne, le pont du Diable sur le ruisseau de Hongrie très vite suivi du tunnel du Pin de 200 m de long. Pour ce petit train, la montée était rude et nécessitait beaucoup de vapeur, donc beaucoup d’eau. C’est pourquoi à mi pente, était installé un château d’eau destiné à refaire le plein des réservoirs de la locomotive. Il en reste aujourd’hui la base en maçonnerie au bord de la route. Après cet arrêt technique, le train reprenait son escalade vers le col du Pin. La voie ferrée quittait son site propre et rejoignait la route de Vernoux au col du Pin. A partir de cet endroit, elle ne la quittait pratiquement plus jusqu’au terminus. Juste après avoir rejoint la route, le tramway marquait son premier arrêt voyageur devant l’auberge du Pin. Il s’arrêtait ensuite au Fringuet, au col de Leyrisse, à Champis, puis franchissait le pont de Monépiat à l’entrée d’Alboussière. Peu avant Boffres, la voie ferrée quittait la route sur sa gauche en empruntant celui qui s’appelle le chemin de l’ancien tramway, passait les hameaux de Trapier, de Béguet, s’enfonçait dans le bois au-dessus de Repenti,
pour arriver à la gare de Boffres, qui a laissé place à la mairie.
Après Boffres, la ligne montait jusqu’au col de la Justice qui était le point culminant de la ligne à 681 m d’altitude, avant de redescendre sur Vernoux en longeant la RD 14, atteignant son terminus face à la maison Porte qui existe toujours face à Intermarché.
En fait de tramway, c’est un petit train à vapeur qui va sillonner notre belle campagne. L’enquête d’utilité publique est faite le 18 juillet 1901. Au mois de septembre 1906, les concessionnaires Planche et Giraud commencent les travaux sous la direction de l’architecte Jouvet, père du célèbre acteur Louis Jouvet. La ligne d’une longueur de 30,7 kilomètres est livrée à la circulation des voyageurs le 7 mars 1910. Le trajet de Valence à Vernoux s’effectue en deux heures. L’exploitation n’étant pas rentable, le trafic est fermé aux voyageurs le 31 janvier 1928 et celui des marchandises le 31 janvier 1930. Les rails sont alors déposés. Le coût s’élève à 56 329 francs du kilomètre, pour une recette bien inférieure. Cette ligne de tramway, qui n’a circulé que 20 ans, a provoqué la mort des diligences et des relais où se reposaient voyageurs et chevaux. A Boffres, ce fut le cas du relais de Montchal.